Chapitre IX
« Où
l'on voit B et P s'enivrer de vin et de poésie »
première
partie
Pendant que les feuilles
commençaient à jaunir, il se trouva que douze stères de bois
furent livrés dans la cour de B en prévision d'un hiver que tous
les voisins s'accordaient à prédire rigoureux. Elle avait bien
dégagé un coin de sa grange mais eut le souffle coupé devant le
volume qui avait glissé de la remorque. Elle se saisit donc de son
téléphone puis mit de l'eau à chauffer en attendant P. Le mois de
septembre est capricieux et P arriva en ciré dégoulinant.
« C'est bien, tu
vas tenir tout l'hiver avec ça.
- Voui.
- Faudrait commencer par
là, comme ça l'entrée de la cave sera dégagé.
- Et puis il faut fendre
à mesure. »
Elles recouvrirent le tas
d'une bâche et trouvèrent que ça suffisait pour aujourd'hui.
Incapables de boire du thé paisiblement à proximité du tas qui
empêchait la lumière d'inonder la petite cuisine de B, elles
choisirent d'emmener quelques livres au café. Sans se douter encore
que cette décision anodine allait changer leur vie.
Septembre est capricieux,
il avait ce jour-là rempli le café de consommateurs moroses. Le
serveur préparait thé, cafés, chocolats et grogs en regrettant les
carafes d'eau et les pastis. B décida de lire à son amie un poème
de Marina Tsvétaïeva qui collait tout à fait à cette atmosphère,
et comme elle trouvait ses voisins bruyants, elle haussa
progressivement le ton sans s'apercevoir que plusieurs têtes
s'étaient tournées vers elle. P, très à l'écoute, ne le remarqua
pas non plus et enchaîna sur « Les colchiques ». B lui
lut ensuite la fin de « Mort à Venise », elles en eurent
toutes deux les larmes aux yeux. Pour changer d'ambiance, B décida
de passer au deuxième chapitre de « Bouvard et Pécuchet ».
Elles rirent beaucoup. P lut ensuite une lettre de Calamity Jane à
sa fille.
Quarante-cinq minutes
après leur arrivée, B se leva pour commander un chocolat et P pour
aller fumer une cigarette. Deux tables se mirent à applaudir. Elles
s'aperçurent que les consommateurs avaient le regard fixé sur
elles. Un lycéen rougissant les suivit dehors pour leur demander les
titres des poèmes, une vieille dame arrêta P pour lui savoir si
elles faisaient des lectures à domicile. Le serveur leur offrit leur
chocolat.
Plus tard, B se proposa
de faire cuire des pâtes. P installa le scrabble, chacune se saisit
d'une lettre mais avant de commencer la partie, B soupira :
« T'imagine, ce
serait génial si on pouvait faire ça au lieu d'aller travailler.
- Lire des livres à des
gens, en buvant du thé, la vie de rêve ... »
Elles rangèrent le
scrabble et sortirent les cahiers. Une nouvelle idée venait de
naître.
Place de la poste, B
attendait P dans sa voiture en écoutant « Edimbourg ».
Il pleuvait. Le ciel était gris noirci, ça faisait une ambiance. Ca
n'aurait servi à rien qu'elle sorte de cette voiture, c'était P qui
avait les courriers. B, elle, avait les enveloppes. Elle se fit la
promesse que ça n'arriverait plus, et remit « Edimbourg »
une cinquième fois, pour fêter ça. P envoyait son troisième sms
informant de son temps de retard qui s'allongeait à mesure que le
texte affiché à l'écran diminuait. B savait très bien que P
serait, était et serait encore désolée. Il n'y avait et n'y aurait
probablement jamais aucune issue à cette situation. La seule qu'elle
trouva pour cesser de prendre inutilement sur sa maigre patience fut
de se mettre à timbrer énergiquement toutes les enveloppes, en
cadence.
Elle aurait pu aller
boire un café mais elle n'était pas d'humeur à écouter RTL au
rythme des dissertations météorologiques et sociologiques du café
culture de la place de la poste.
Elle pensa à attendre
sous la pluie avec les enveloppes à la main, pour voir la tête que
ferait P, comme à une vengeance délectable mais repoussa ce projet
en remettant « Edimbourg » pour la septième fois.
Dans le courant du mois
d'Octobre, une vingtaine de personnes eurent la désagréable
surprise de devoir payer l'oblitération d'une lettre mal affranchie
leur étant destinée. Cette lettre contenait une invitation gratuite
à une lecture publique organisée et présentée par B et P qui
avaient choisi cette fois-là « La corne d'abondance » en
guise de nom de compagnie. Le sujet de la lecture portait sur « les
décalés », sujet sur lequel elles en connaissaient un rayon.
Cela devait se passer sur un parking de supermarché, ce qui
promettait un grand espace, à vingt heures, la compagnie « la
corne d'abondance » n'ayant pu avoir de salle fournie par la
mairie. Elles avaient en revanche une camionnette prêtée par le
garagiste dans laquelle elles transporteraient des chaises et des
couvertures pour le public.
Ce fut St Vit en terre
plaine qui marqua le début de la carrière de lectrices des deux
amies. Cette première lecture rémunérée avait été achetée par
l'association culturelle du village chapeautée par un jeune
instituteur pour le sapin de Noël. Une cérémonie dédiée aux
enfants qui se déroule traditionnellement dans la salle des fêtes un
après-midi de décembre. Les parents ont fait des gâteaux, acheté
et emballé des babioles, réparé le déguisement et la hotte.Il y a
bien sûr un sapin. Le jeune instituteur de la classe unique de St
Vit en terre plaine enseignait là pour la première année. Il avait
eu envie d'offrir aux enfants, en plus du rituel Père Noël, des
poèmes et des contes. Il s'était dit en passant que les parents ne
souffriraient pas d'une petite récréation culturelle. L'instituteur
venait de la ville. Et St Vit en terre plaine le déprimait. On y
parlait tracteurs et recettes de pain d'épice en s'enfilant des
tournées dans le seul lieu vivant du bled : un bar décrépit qui
vendait du café filtre de la veille, toutes sortes d'alcool, trois
marques de cigarettes, des articles d'épicerie parfois périmés. Le
moindre cinéma était à 20 km, pareil pour la bibliothèque. Il
avait sympathisé avec B et P lors d'un dîner chez des amis, où le
côte d'Auxerre aidant, ils s'étaient tous les trois enflammés en
parlant de Buster Keaton et de René Char. Le jeune instituteur avait
réussi à convaincre tout le monde sauf le maire, vexé qu'on ait
refusé son magicien. Le magicien coutait beaucoup plus cher, on en
avait déjà eu un il y a deux ans et les parents membres de
l'association avaient approuvé l'instituteur : « Oui, oui, une
lecture quelle bonne idée » avant de servir les kirs de fin de
réunion. Le jeune instituteur avait imaginé comme une veillée
d'antan, plusieurs générations rassemblées au pied de l'arbre, une
ambiance douce et pleine de merveilleux. Il avait donc donné
rendez-vous aux lectrices à 20h30.
C'es ainsi qu'un soir de
décembre, la cie « Les herbes folles » découvrit St Vit
en terre plaine.
B et P avait chargé
leurs paniers dans la voiture en se dépêchant car la route était
longue. Il fallut faire demi-tour au bout de dix minutes car B avait
tapé sur le volant en hurlant : « Bordel, j'ai pas pris
Pourrat » tandis que P farfouillait dans son sac pour lui
trouver des chewing-gum au clou de girofle, apaisants en cas de
stress. Trois quarts d'heure après, P et B débarquaient sur une
petite place boueuse, cela faisait trois jours que tombait un crachin
désespérant, encombrée ça et là d'engins agricoles. Les paniers
aux bras, des chewing-gum apaisants plein la bouche, elles poussèrent
la porte de la salle des fêtes et furent aussitôt happées par un
bruit de voix monumental, ainsi qu'une odeur d'alcool, de tabac et de
pommes de terre. L'instituteur se précipita vers elles, l'oeil
brillant et les joues rouges : « On n'a pas tout à fait fini,
on est un petit peu en retard, venez donc boire un verre avec nous en
attendant. »
P constata tristement
qu'ils n'en étaient qu'à la salade de pommes de terre à l'huile,
qu'il était 20h30, et qu'elles auraient été censées commencer de
suite la lecture sur « Les mystères de Noël ».Du coin
des fesses, elles s'installèrent au bout de la tablée sous une huée
de hourras et d'applaudissements après avoir été présentées par
l'instituteur : « Ce sont nos conteuses ». Tandis que B
finissait la boîte de chewing-gums apaisants, P se pencha à son
oreille : « Pourquoi il nous appelle des conteuses ? »
Après un moment de
négociations pour refuser les verres de vin que chacun prétendait
leur offrir, elles résolurent de sortir de leur panier un thermos de
thé à motifs écossais pour s'en enfiler une rasade chacune. Au
bout d'une demie-heure, on apporta le cochon. Le jeune instituteur se
précipita vers elles, les yeux rouges et le front brillant pour
s'excuser encore une fois : « C'est pas tous les jours la
fête. »
Les enfants, dont
personne ne s'occupait plus depuis belle lurette, couraient partout
dans la salle en hurlant. Cinq d'entre eux construisaient un fort
avec les chaises en plastique qu'ils traînaient sur le carrelage
tandis que les autres leur envoyaient des assiettes en carton en
criant « On va tous vous buter ». Délaissant l'ambiance
feutrée de la salle, P et B s'en allèrent fumer une cigarette sur
la place.
« Tu n'as pas peur
qu'ils ne soient plus en état de nous écouter ? s'inquièta B.
- Qui ça ? Les
enfants ou les adultes ? »
De retour dans la salle,
elles furent de nouveau accueillies par une ovation tonitruante
suivie d'un ban bourguignon éraillé dans toutes les gorges. Elles
sourirent tant qu'elles purent, refusèrent cinq ou six verres de
rouge et se rassirent patiemment avec leur thé.
Elles restèrent sans
rien dire. P aurait bien tapé un coup sur la table en criant que
« C'était l'heure là et qu'il allait falloir penser à se
calmer un peu ». B regardait trois des enfants en équilibre sur le
donjon du fort : une douzaine de chaises à l'équilibre aussi
certain que celui d'un alcoolique sur une jambe. Elle essayait de
repousser les images de crânes fendus et de membres brisés que lui
évoquait l'opération. Elle poussa un cri quand l'un des gamins
atteignit en rampant les fondations du donjon pour secouer deux des
quatre pieds qui touchaient encore terre. Douze chaises et trois
petits s'écroulèrent sur la grappe d'enfants qui les assaillaient
aux boulettes de papier toilette mouillé. B bondit, les enfants
hurlèrent de joie. Un seul des parents se tourna pour lancer : « Hé
ho, doucement les monstres là. C'est Noël quoi. ».
L'instituteur était parti avec l'adjointe au maire chercher un cubi
dans la réserve. Les blessés vinrent pleurnicher un moment sur les
genoux de leurs mères mais les plus grands avaient déjà transformé
le sapin en forêt pleine d'embuscades et malgré les bosses et les
égratignures, le combat reprit. Personne ne redressa les chaises.
« Qu'est-ce qu'on
fait ? demanda B.
- Ben on attend, on va
quand même pas rentrer.
- Ben non, oui, on va
quand même pas rentrer » répéta B sans conviction.
Deux verres de rouge et
une assiette de fromage local avaient atterri à la place de leur
tasses de thé, remisées on ne sait où.
« Allez les
conteuses, on trinque! beugla joyeusement l'un des convives.
- Euh ben, alors plutôt
du blanc, glissa B gentiment, ça éclaircit la voix et comme on va
lire là tout de suite, ajouta-t-elle avec un sourire qu'elle essaya
de rendre franchement enthousiaste mais qui restait tendu.
- Oui, voyez, nous allons
donc vous lire des textes, c'est pour ça que nous sommes là »
ajouta P debout, s'appuyant sur la table et sur le mot « lire ».
A 23 heures,
l'instituteur les yeux rouges et brillants se leva : « Je crois
que maintenant nous allons pouvoir nous réunir autour du sapin et
écouter les surprises que nous ont amenées nos conteuses sur « Les
mystères de Noël ».
« Les mystères de
l'ouest » brailla, euphorique, l'adjointe au maire les joues
roses et les yeux pétillants son verre de prune à la main. Eclat de
rire général. Chacun remua sa chaise, embarqua son verre, on coinça
les enfants complètement excités sur des coussins. B et P purent
enfin sortir de leurs paniers les livres qu'elles disposèrent sur
une petite table. On toussa, on renifla, puis un semblant de silence
se fit. Il fallut remettre encore le début de la séance quand le
Père Noël fit soudain irruption dans la salle, la hotte de travers
et la barbe tournée sur la joue droite : « Z auriez pas
vu mes gants, j'ai oublié mes gants. » Puis devant les yeux
écarquillés et soupçonneux des enfants : « Ho ho ho, le Père
Noël est fatigué, il a perdu son âne. » Eclat de rire
général. « Michel, tu restes pas avec nous » « Non
y'a l'digeo chez l'Francis ho ho ho, le Père Noël a encore
une longue route-z-à faire pour donner tous les cadeaux à tous les
enfants sages .» Après la disparition du Père Noël et sa
chute devant la salle des fêtes parce qu'il s'était pris les pieds
dans son manteau, nos deux héroïnes ouvrirent le premier livre.
Doucement,
tranquillement, tandis que tombaient les premiers flocons de l'hiver,
elles s'embarquèrent dans les histoires de la Reine des Neiges, de
Dame Holle et de La vieille dame et les fées de Noël. Jusqu'à ce
qu'elles se rendent compte que les merveilles de Noël qu'elles
auraient tant aimé donner sur un souffle de voix, voire un chuchotis
mystérieux, elles étaient quasiment en train de les hurler. Car
l'ambiance s'était considérablement réchauffée en face, les
bouteilles du Lucien circulaient, les enfants étaient repartis
construire des châteaux forts et les adultes commentaient à qui
mieux mieux les hivers « qu'étaient pus c'qui zétaient »
ainsi que les chaussures de B qui étaient rouges. « Ah ben
tiens, comme celles du Père Noël ». B et P se turent.
L'assistance perçut au bout d'un moment qu'un bruit de fond
manquait. Ce fut le silence. P dit posément :
« Si ça ne
vous intéresse pas, il faut nous le dire.
- Parce qu'on a autre
chose à faire nous sinon. rajouta B.
- Oh ben non, restez, on
va être sages maintenant.
- Sinon le Père Noël va
appeler le Père Fouettard ho ho ho ».
Passée la nouvelle
tranche de rigolade, B et P se remirent au travail.Ce ne fut pas le
silence recueilli qu'elles auraient souhaité mais elles tinrent bon,
non seulement face au brouhaha interrompu par les « chut les
enfants, on n'entend rien » et aux verres poussés vers elles.
Elles s'interrompaient de temps en temps pour se faire à haute voix
des remarques que personne ne notait : « promesse d'ivrogne »
jeta B pendant que P lisait un poème. B gloussa derrière
l'Encyclopédie des fées lorsque P trébucha au milieu d'un vers.
Un gamin vint se réfugier sur les genoux de B en lui glissant à
l'oreille « j'ai sommeil ». L'instituteur sursautait de
temps en temps, avisant de leur part un regard noir ou profondément
découragé. Un léger ronflement s'éleva suivi d'un tollé général.
Lorsque commencèrent les remarques grivoises, P referma ses livres,
se leva et remercia l'assistance.
On se rua vers la table,
on rouvrit des bouteilles et on félicita les deux « conteuses »,
soulagé qu'enfin tout cela prenne fin. Les enfants commençaient à
s'endormir par terre au pied du sapin ou sur les genoux de leur mère,
le Lucien racontait ses souvenirs de bal et des comptoirs qu'on
démontait à la tronçonneuse en ce temps là. L'instituteur
remercia chaudement B et P :
« Vraiment,
c'était splendide je ne connaissais pas du tant, pardon du tout, les
contes de Pourrare -Pourrat corrigea gentiment P,
-Oui, Pourrave.
J'aimerais bien qu'on organise un petit truc à Pâques,
qu'est-ce-que vous en dites? »
P et B ne purent rien en
dire car l'adjointe au maire vint subitement s'asseoir entre eux, la
main sur le genou de l'instituteur rerosissant à mesure.
« Mais pourquoi que
vous buvez pas ? »
-Pour éviter de dire des
conneries. répondit B en souriant.
-Vous comprenez, avec
notre métier, quand on lit la langue peut vite fourcher. » se
hâta d'ajouter P.
Bon, les lectures les
occupaient beaucoup, les préoccupaient encore plus. Elles étaient
sûres que le principe était novateur bien qu'inattendu et, qu'on
n'attendait qu'elles. Ca les surprenait que le téléphone ne sonne
pas toute la journée et que leur emploi du temps soit plus rempli de
rendez-vous que de dates de lectures. Une autre chose les surprenait
: il arrivait souvent, très souvent, que leurs interlocuteurs soient
intimement persuadés, même après une demie-heure de rendez-vous
qu'elles se proposaient de raconter des histoires.
« Non mais
franchement, est-ce qu'on prononce une seule fois les mots
« raconter des histoires »?
- Non, tu as
raison, on n'a pas écrit ces mots-là non plus dans le texte de
présentation.
- On doit mal choisir nos
mots.
- Je n'ai pas
l'impression pourtant.
- On devrait peut-être
expliciter mieux le concept.
- Tu as raison, et ça
nous évitera peut-être d'avoir à répéter une centaine de fois
que nous ne sommes PAS conteuses. »
Aussi lorsque Jean-Luc
Joujube, tenancier de la petite galerie d'art contemporain du village
de Romagny, leur demanda un dossier détaillant leur projet de
lectures, P et B décidèrent d'employer les grands moyens.
« Il faut savoir se
vendre, dit P la bouche pleine en goûtant pour voir si les pâtes
étaient cuites
- J'aime pas beaucoup ça,
répondit B en cherchant les gros verres à vin.
- De quoi ? Quand je
cuisine ?
- Non, savoir se vendre.
- Ecoute ma p'tite, et P
s'installa à califourchon sur la chaise la cuillère en bois à la
main, c'est bien-sûr une façon de parler mais notre but, c'est
quand même d'emmener des textes qui nous plaisent dans toutes les
oreilles, non ? Alors il faut tout faire pour ça.
- Tout ?
- A peu près.
- Bon, B sortit feuilles
et stylo et servit « la cuvée des demoiselles »,
on lui met quoi au type ?
Le stylo à la bouche, le
verre à la main et chantonnant « Madame servez moi du vin,
tout plein, jusqu'à demain matin », B se concentra.
« Cher Monsieur...
- C'est trop familier,
l'interrompit P en secouant les pâtes.
- Gros débile qui lève
les yeux au ciel pour un oui ou pour un non.
- Ressaisis-toi, c'est
notre avenir professionnel qui est en jeu.
- Jean-luc les mouches
P renversa les pâtes
dans l'évier en gloussant
-Jean-Luc Les Mouches en
levant les yeux au ciel
-Et en soupirant ajouta
B. »
B et P finirent par
laisser refroidir les pâtes dans l'évier et planchèrent pendant
quatre bonnes heures sur une lettre qu'à une heure du matin elles
trouvèrent parfaite. Un peu originale mais parfaite.
Bonjour monsieur Joujube
Nous vous adressons cette
lettre dans un souci de précision et afin de redéfinir les mots
« lecture à voix haute » et « montage de textes ».
Commençons par le plus
simple, « montage de textes » : il s'agit d'un corpus
composé d'extraits littéraires variés pouvant éventuellement
utiliser des contes choisis, mais pas toujours. Nous nous servons
aussi de poèmes, chansons, romans, nouvelles, voire bandes
dessinées. Mais, comme le mot « lecture » le précise
nous ne contons pas en dansant ou en jonglant, nous ne sommes pas là
pour endormir les foules avec des jeux du cirque sinon on aurait
travaillé à la télé. Nous sommes nues, c'est-à-dire que nous
lisons les textes à voix haute avec le moins de fard possible afin
de laisser l'auditeur libre de son interprétation, nous ne sommes
pas là pour faire les guignols. Voilà. Notre projet comporte donc
le risque de surprendre, voire de donner une impression de torpeur au
premier abord mais il présente l'avantage d'être unique et
original, ainsi que de véhiculer jusqu'à des individus aussi divers
que différents une certaine idée de la littérature, qui doit être
accessible à tous. Nous avons conscience d'avancer à contre-courant
des valeurs les plus répandues de notre société, nous en sommes
extrêmement fières.
Persuadées que notre
projet éveillera votre plus grand intérêt pour toutes les raisons
que nous venons d'énoncer, nous vous adressons des salutations.
La Cie des moulins à
vent
Ah là là, ça me rappelle des souvenirs de lecture dans des lieux improbables! Mais aussi une soirée organisée dans le bistrot d'un village (avec cheminée!) où tout le monde avait fini par venir écouter les lectures. Un truc familial et pas prétentieux pour deux sous. Même les poivrots avaient lâché leur comptoir pour écouter les différents lecteurs... Et ils nous avaient tous remerciés à la fin.
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