jeudi 8 août 2013

"ET SI ..." 5


De bonne heure le matin, vous empruntez le petit chemin gravillonné menant à la crèche. En effet, on vous a confié une petite fille à y déposer. Vous la tenez d’une main, tandis que de l’autre vous maintenez tant bien que mal le siège réhausseur, le sac à rechange, un paquet de couches, les bottes s’il pleut, le chapeau s’il fait beau, le gilet s’il fait froid, le petit sac à goûter et L’idiot de Dostoïevsky qu’une copine vient de vous rendre sur le parking. Lorsque surgit face à vous une femme armée d’une poussette avec quelquun dedans. La femme greffée d’une poussette vous regarde, impassible. Vous êtes gênée et encombrée. Que faire ? Nul code, celui de la courtoisie ou celui de la route, n’est clair là-dessus. Qui passe ? Qui s’efface ? La femme aux défenses poussettéiformes ne semble pas se poser ces questions, ni aucune autre d’ailleurs, certaine de son bon droit et de sa supériorité ( vous pesez 50 kilos, vous n’avez pas de poussette, vous n’avez pas d’enfant, celui au bout de votre bras n’étant qu’un emprunt ), elle redémarre à fond vous laissant juste le temps de vous écrouler dans une jardinière en béton garnie d’œillets des poètes. Vous regardez au loin.
Et si ...
Et si vous vous lanciez à sa poursuite et que vous la frappiez à coups de réhausseur et d’Idiot de Dostoïevsky en lui gueulant : “ Connasse, tu penses peut-être que faire des courses de poussettes avec tes copines te donne le droit de m’humilier dans les œillets ? “ tout ça sous les hurlements de terreur des enfants.
Hein ?

Non. Ça serait mal.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Nous sommes contentes de lire les retours, tous, même les critiques. Nous en avons besoin, d'ailleurs. Nous préférons qu'ils ne soient pas anonymes, et, bien entendu, nous ne publions pas les insultes gratuites.